Un petit problème…
L’idée m’est venue de créer les Editions Le Citron Gare (ex Citron noir), qui n’en sont pas vraiment d’ailleurs, à la suite d’un constat crucial, résumé ci-après.
Certains poètes sont beaucoup édités par beaucoup d’éditeurs et pourtant, à lire leurs productions, j’ai souvent du mal à comprendre pourquoi ces œuvres là ont été retenues plutôt que d’autres, à moins qu’il ne s’agisse d’un effet de mode (faudrait que les éditeurs m’expliquent avec franchise le pourquoi du comment et ça c’est pas gagné).
Pire encore, il arrive que la lecture de ces textes choisis n’excite guère mon imagination, ce qui a pour effet de provoquer à plus ou moins long terme un irrépressible bâillement qui peut déboucher sur une crampe de la mâchoire pouvant aller même jusqu’à son décrochage.
Pourquoi ?
C’est difficile à exprimer. Cependant, il y a quelques constantes. Ces poésies sont toujours bien écrites, mais il s’agit en général d’écritures de rigueur budgétaire ou, si vous préférez, de régime sans sel, champêtres (alors que la population de ce pays vit majoritairement en ville), intimistes, voire abstraites et pour finir désincarnées.
Je lis également des recueils de bidouillages sémantiques très virtuoses et/ou très modernes qui peuvent s’avérer aussi inconsistants que les ci-devant recueils lyriques, et dans lesquels le vécu n’est pas davantage au centre du poème, le seul engagement de leurs auteurs étant au mieux d’ordre artistique (plus facile c’est certain de vouloir passer pour un professionnel de l’Euro que de changer le monde, à commencer par le sien).
Si, si, ça existe. la majorité des poèmes est comme ça. Sans doute, les symptômes de cette maladie mortelle que les adultes nomment maturité.
Bien sûr, il reste des exceptions, sauf qu’elles ne sont pas assez courantes à mon goût.
Par ailleurs, d’autres poètes, trop nombreux, que j’ai eu l’occasion de publier dans Traction-brabant et que publient aussi des revues tierces, ne sont pas édités, malgré des démarches entreprises, et finissent par être découragés, alors que parfois, leurs textes, qui sont tout aussi bien écrits que les précédents évoqués, me paraissent en revanche beaucoup plus forts.
Pourquoi ?
Ces poèmes racontent des histoires, parlent d’êtres humains, collent de plus près à la réalité de l’action ou de vies intérieures débridées, ils ne refusent pas la révolte, n’excluent pas l’humour, ce propre de l’homme, ou la dérision, et si le besoin s’en fait sentir, accueillent l’exubérance des images chère aux surréalistes.
Cela n’empêche… l’inégal partage des chances qui découle de la situation ci-dessus décrite, synonyme pour moi d’injustice, me pose problème, et surtout me semble injustifié, à moins que vous pensiez que mes goûts de lecteur relèvent de la perversion, ce qui ne serait pas sympathique pour les auteurs sélectionnés !
Une petite solution…
Voilà pourquoi je vais essayer de sortir de l’ombre totale ces perles rares, même si c’est à 100 exemplaires, avec peut-être la perspective derrière, voire le rêve ou l’illusion, de devenir un passeur pour des éditeurs plus professionnels que moi.
Dans le cas contraire, ces faux poètes en herbe auront été au moins une fois édités dans leur vie, si ce n’est avec professionnalisme, du moins avec passion.
Par conséquent, y a plus qu’à, sachant que cette activité, qui s’ajoute à plusieurs autres, peut s’arrêter du jour au lendemain.
Alors, un point essentiel : je dispose déjà d’une longue liste d’auteurs à publier, étant devenu, malgré moi, un chasseur de textes depuis que j’anime « Traction-brabant » (depuis 2004) : cette liste est dans ma tête et je ne vous la communiquerai pas.
Ainsi, je n'édite que les auteurs que je contacte...
Mon boulot consiste donc à barrer des noms une fois que l’édition est terminée, mais sachez le, au rythme de deux publications par an et pas davantage, on n’est pas rendus !
Tant pis, bien que l’escargot soit par nature très lent, il glisse. Et j’aime à espérer qu’il n’oubliera jamais ses alliés, les emportant sous sa coquille.
Pour finir et à toutes fins inutiles après ces explications, voici quelques règles simples mais efficaces :
1) les auteurs qui m’envoient spontanément des fichiers textes de 1 à un nombre infini de pages par mail ou par la poste pour édition, direction la corbeille en 10 secondes (lancez -vous plutôt dans de la politique que dans la poésie : voilà qui rapportera plus à votre ego) ;
2) les auteurs qui m’envoient spontanément des fichiers textes de 1 à un nombre infini de pages par mail ou par la poste pour savoir si c’est bien écrit (avant d’aller voir ailleurs où ça gagne plus), direction la corbeille en 5 secondes ;
3) plus généralement et cela va sans dire, mais sait-on jamais, les auteurs qui ne font pas l’effort de lire un recueil du Citron Gare (idem pour Traction-brabant) et d’en défendre l’esprit, montrant un intérêt exclusivement personnel à vouloir être édités : direction la corbeille en 2 secondes ;
4) pas deux fois le même auteur publié ici;
5) possibilité d’éditer des recueils écrits à deux mains : la vôtre et la mienne (vous êtes bien embêtés là hein !) ;
6) possibilité de placer les œuvres d’un illustrateur;
7) seul chemin praticable : http://www.traction-brabant.blogspot.com/, c’est à dire par la revue poézine Traction-brabant de l'association Le Citron Gare, en m'adressant un message me prouvant que vous êtes un être humain (sinon, poubelle : je ne suis pas votre clébard, bien sûr !), comme vous le faites malgré tout le plus souvent depuis plusieurs années, message accompagné d'un nombre maximum de 10 pages de poèmes en format A4, possible ticket pour Traction-brabant, sans aucune promesse pour un au-delà de la complicité, sauf que rien n’est impossible, à partir du moment où vous ne me demandez rien :
c’est ce que l’avenir nous dira.
En guise de post-scriptum, quelques recommandations aux auteurs intéressés par une publication:
C’est pas compliqué. Ne dérangez pas plus d’une fois les éditeurs qui ne répondent pas à vos envois, publient tout le temps les mêmes personnes (surtout pas vous), et donc vous prennent pour des billes. Laissez les tourner dans leur coin coin. Puis créez vos propres revues, éditions, avec l’aide d’Internet.
Lancez-vous donc ! Autoéditez-vous mais pas uniquement. Montrez-vous capables de vous intéresser à d’autres écritures que la vôtre, faites votre marché : il en restera toujours quelque chose.
Et n’essayez pas de vivre que de la poésie. Elle mérite beaucoup mieux que ça.
Patrice Maltaverne